I don't wanna die - Poppy

" - M'man, pourquoi je m'appelle Poppy ? Tout le monde à l'école m'appelle Paupiette ! Qu'elle s'était insurgé, la gamine. Un air revêche collé sur sa face adorable et pâlotte, vraiment pas contente. Ah ça non. Son prénom, elle le trouvait juste absurde ! Puis sa mère, la première, hein ? - Parce que oui, elle avait deux mamans. Ca aussi, c'était pas toujours facile. Les autres gosses lui en faisaient voir de toutes les couleurs. - Lui rabachait à chaque fois :
- … Pop', je t'ai déjà dit que c'parce que Mom adore les coquelicots et que ta grand-mère en avait peint un pour son dixième anniversaire, et …

- Oui oui je sais, et c'était le plus beaaaaaauuuuuuu – et de s'éterniser sur l'adjectif, sans même reprendre son souffle – cadeau de toooooouuuuu – même cinéma – teeuuh sa vie ! L'avait coupé la petite blonde en écartant les bras. BAH JE M'EN FICHE. JE VAIS LE CHANGER.
- Et sous quel prétexte, jeune fille ? S'était amusé la brune, haussant un sourcil provocateur.
- Les coquelicots, ça pue ! Elle avait affirmé, comme si ça justifiait tout."
Notez que là gosse avait tout de même son … petit, caractère. Et elle tenait ça de sa première maman. Bernadette. Tu parles d'un nom. À croire que toutes les femmes Holmes étaient carrément maudites. Quant à sa seconde mère, Marie, c'était une autre affaire. Calme, douce et gentille. Mais pas patiente pour un sou. En fait, poppy avait toujours adoré ses mères. Elle étaient absolument géniales. Quoi qu'en dise les autres enfants. C'était ses héroïnes de tous les jours. Même si les garçons lui posaient de drôles de questions.

Et c'était pire au collège, puis au lycée. A chaque fois, certains venaient vers elle, et lui demandait d'un air glouton et débile ' Toi aussi, t'aimes les minous ?'. Qu'on se le dise. Les Lesbiennes, c'est pas une maladie. C'est pas contagieux. Et non, elle avait jamais aimé les moules. Oui, Poppy avait toujours préféré les frites. Voilà, heureux ? Maintenant que ce point mystérieux sur sa vie est tout à fait éclaircis. Venons-en au directement au fait. Poppy avait toujours aimé l'école. C'est vrai quoi, elle qui voulait toujours tout savoir, avec ses inlassables ' Où, pourquoi, comment ? '. Elle était servie, dans le domaine de l'éducation. Une vie normale, qu'elle avait toujours eu. Si ce n'est un déménagement, subvenu alors qu'elle n'avait que cinq ans, rien n'était à signaler. Les injustices vis à vis de sa famille pleuvaient trop souvent. Lui donnant un caractère affirmé avec le temps, quoi qu'un peu rebelle et provocateur. C'est qu'elle avait jamais aimé qu'on parle mal de ses précieuses mamans, elle, elle s'en foutait. Vous pouvez dire ce que vous voulez, c'est pas son problème.

Alors voilà. Jusqu'à ses vingt ans, tout allait plus ou moins bien. Crises existentielles, petits copains, sorties interdites. L'adolescente lambda. Un beau diplôme, et direction l'université pour obtenir toutes les connaissances idéales dans l'architecture. Cette matière si passionnante ! Mais voilà. Il y a toujours un hik. Et son Hik, à poppy. Il portait un nom aux consonances macabres :Cancer Des mois de galères interminables, voilà ce à quoi elle avait eu le droit. Enfermée, surprotégée, morose et prête à exploser à tout instant. La petite fille laissait place à une jeune femme. Une jeune femme ayant perdu toute joie de vivre. Les douleurs, la couleur de sa peau, les médicaments assommants, les disputes de plus en plus fréquentes de ses mères et l'absence de visite du restant de sa famille. Jamais encore on avait vu Poppy Holmes sur le point d'abdiquer. Cette fois, tout le monde a cru que c'était la bonne. Puis elle a fait des rencontres, dans cet hôpital, des rencontres émouvantes, touchantes, navrantes et ou désastreuses. Elle en a vu, des gens qui partaient du jour au lendemain. Soit morts, soit vivants et prêts à croquer la vie à pleine dent. Elle, Pop', elle était entre les deux. Ca sentait carrément le sapin.

Puis y avait eu ce don d'organe enfin subvenu, encore un peu, et elle était morte. Mais non. Elle a vécu. Puis doucement, mais sûrement, la jeune femme a pris des couleurs. C'était un putain de miracle. Elle était vivante ! Les aliments avaient enfin à nouveau le goût qu'on leur attribuait à tous. La pauvre blondinette pensait sincèrement que ce n'était que des légendes qu'elle avait longtemps rêvé. Puis, durant des mois de réhabilitation, son corps a dit non. Même manège, l'enfer était de retour. Et plus encore, ses mères divorcèrent, et la pauvre enfant se retrouvait balloter de villes en villes.Sa mère biologique avait à l'époque tous les droits sur elle, et même si, âgée de vingt-trois ans, elle pouvait décider, Poppy n'en avait même pas la force. La maladie qui la rongeait avait laissé place à un état bipolaire, chez la jeune femme. Ses études étaient foutues, tout comme ses amitiés perdues. Jusqu'à Gold coast. Voilà trois mois qu'elle est ici, et par un énième miracle, la rémission d'un second don rabibocha Poppy et la vie. Elles qui étaient de si grandes amies ! Qu'importe qu'elle avait été à deux doigts de la filer en pâture à dame la faucheuse, Poppy pouvait lui pardonner. Une nouvelle université, voilà ce qu'il y avait devant elle. Cela devait faire à présent cinq mois, qu'elle avait ce nouvel organe. Et pas une seule tuile. Pour sûr, celui-ci, c'était le bon. Tout allait pour le mieux, et depuis ces derniers évènements, Poppy avait de nouveaux objectifs : Croquer la vie à pleines dents. Mais pour combien de temps ?